Un poème gothique entre mort et émerveillement
Un film de Henry Selick — produit et imaginé par Tim Burton
« Entre l’ombre et la lumière, entre la peur et la fête, Tim Burton invente la nostalgie du merveilleux. »
Quand Halloween rêve de Noël
Dans la ville d’Halloween, le charismatique Jack Skellington, roi des citrouilles et maître de la frayeur, s’ennuie. Répéter la même fête chaque année ne suffit plus à nourrir son âme d’artiste.
Un jour, il découvre accidentellement une autre contrée : Christmas Town, royaume de la joie et de la lumière. Fasciné par cet univers éclatant, Jack décide de s’approprier la fête — quitte à voler le rôle du Père Noël pour offrir aux enfants sa propre version du bonheur.
Mais dans son enthousiasme naïf, il transforme la magie en cauchemar… et découvre que l’imperfection de la vie est peut-être la plus belle des vérités.
Un conte sur la solitude, la différence et la beauté du manque
Sous son apparence de film musical pour enfants, L’Étrange Noël de Monsieur Jack parle d’adultes.
De ceux qui, lassés du quotidien, cherchent ailleurs une raison d’exister.
Jack Skellington, figure tragiquement poétique, incarne cette fatigue de l’excellence : être roi de la peur ne le satisfait plus, il veut être roi du bonheur. Mais le film rappelle que l’on ne peut copier la lumière sans comprendre son sens. Noël n’est pas un décor : c’est une émotion.

« Ce que Jack cherche dans Noël, c’est ce qu’il a perdu à Halloween : le sens de la création. »
Tim Burton, fidèle à ses obsessions, transforme ce conte en fable existentielle. La mélancolie du héros est celle de l’artiste en quête de sens, de l’homme qui veut plaire sans se trahir. C’est un film sur le droit de rêver différemment, sur la beauté de l’imperfection et le courage de se reconnaître.
L’art du contraste : esthétique burtonienne et poésie visuelle
Visuellement, le film est une œuvre d’orfèvre. Réalisé image par image en stop motion, il déploie une esthétique unique, reconnaissable entre mille : formes torsadées, perspectives impossibles, ombres vivantes, teintes glacées.
Les décors oscillent entre le bleu métallique d’Halloween Town et le blanc éblouissant de Christmas Town — deux mondes qui symbolisent les pôles du vivant : la mort et la renaissance.
Henry Selick, à la mise en scène, met en mouvement l’imaginaire de Burton avec une précision millimétrée, tandis que la musique de Danny Elfman, à la fois théâtrale et mélancolique, donne voix aux émotions intérieures de Jack. Ses chansons, devenues cultes, transforment le film en véritable comédie musicale gothique.
« Chaque note d’Elfman est un battement de cœur, chaque ombre une larme qui danse. »
Thèmes : identité, création et acceptation
L’Étrange Noël de Monsieur Jack est une méditation sur le désir de transformation. Jack veut bien faire — il veut comprendre Noël, mais en cherchant à le reproduire, il le dénature. La morale est subtile : il ne faut pas fuir ce que l’on est, mais apprendre à l’habiter différemment.
Ce film, plus que tout autre, illustre la pensée burtonienne :
« L’humanité naît de la faille. Ce que l’on croit monstrueux est souvent le plus vivant. »
Halloween et Noël ne s’opposent plus : ils deviennent deux faces d’un même monde — la peur et la joie, la mort et la mémoire, la fin et le recommencement.
Des personnages qui vivent dans l’entre-deux
Jack Skellington : figure shakespearienne, mélancolique et idéaliste.
Sally, la poupée cousue main, incarne la fidélité, l’intuition et la douceur réparatrice.
Le Père Noël devient malgré lui la figure de la sagesse, rappelant que la bonté ne s’invente pas : elle se ressent.
Et Oogie Boogie, incarnation du chaos, sert de contrepoint : le mal naît toujours du déséquilibre entre rêve et réalité.
Le duo Jack/Sally forme une romance symbolique : celle de la conscience et de la sensibilité, de la raison et du cœur.
Un chef-d’œuvre de stop motion intemporel
Chaque plan est un poème miniature. Le film, pourtant court (1h16), a demandé plus de trois ans de travail et 227 marionnettes pour Jack seul. Mais cette lenteur se ressent à l’écran : chaque geste, chaque mouvement a une âme.
À la différence de nombreux films d’animation modernes, L’Étrange Noël de Monsieur Jack respire.
Il a une texture, une matière, une humanité artisanale. C’est un film que l’on ressent avant de le comprendre.
Verdict
Note : 9,5 / 10
Un bijou d’animation, une symphonie visuelle et musicale, un conte sur la mélancolie et la création.
Burton et Selick signent ensemble un film à la fois intime, universel et intemporel.
On y entre pour les citrouilles… on en sort avec le cœur réchauffé.
Un film pour les enfants imaginaires que nous restons tous.
Pourquoi (re)voir ce film ?
- Parce qu’il unit Halloween et Noël dans une même étreinte poétique.
- Pour sa musique légendaire signée Danny Elfman.
- Parce qu’il nous rappelle que le bonheur a besoin de l’ombre pour exister.
- Et parce qu’aucun autre film ne mélange aussi bien l’humour, la tristesse et la tendresse.
continuité: (at around 21 mins) When Jack's telling the people about Christmas Town, some of them keep switching places. The Clown with the Tear-Away Face is in the first line at the start, then later in the second line, then back in the first line, only on the other side; the guy with snake fingers goes to the first line to the second one, then back again; the werewolf switches place with the devil.
continuité: (at around 36 mins) During "Kidnap Mr. Sandy Claws", Shock has black gloves that disappear and reappear throughout the song.
continuité: (at around 29 mins) When Sally is raising the basket up to Jack's window, Jack is writing on the chalkboard. When he stops writing, the chalk he is holding disappears.
erreur factuelle: At almost dead center, two red dice are thrown and come to rest, presenting "snake eyes" (both have one pip up). The one to the right shows six on the side. But standard dice cubes have opposing sides that add up to seven, so the six should be on the bottom.
erreur révélatrice: (at around 21 mins) As the Mayor turns on the reflector light at the town meeting, some bats fly off it, scared by the sudden light. The wires that they are suspended by can be seen.
erreur révélatrice: When Jack is in Christmas Town, at one point he jumps across from house to house. For about several frames, the wires suspending the puppet can be seen.
erreur révélatrice: (at around 6 mins) When Jack flips a coin to the street musicians, the wire holding the coin up is visible for several frames.
trou dans l’intrigue: (at around 1h 5 mins) When Jack returns to Halloween Town to set things right, his goal is to return Santa to Christmas Town. Yet he goes straight to Oogie Boogie's house, even though there is no way he could have known that Santa was there, because Lock, Shock, and Barrel didn't tell Jack where they would take Santa, and Jack had no reason to suspect Oogie was involved at this point.
Jack Skellington, the pumpkin king of Halloween Town, is bored with doing the same thing every year for Halloween. One day he stumbles into Christmas Town, and is so taken with the idea of Christmas that he tries to get the resident bats, ghouls, and goblins of Halloween Town to help him put on Christmas instead of Halloween -- but alas, they can't get it quite right.
Jack Skellington is in a dark Halloween Town all of the time and wants something a little more cheery to balance his life experience. He stumbles upon Christmas town and this is just what the doctor ordered. He is so elated with his new feelings that he tries to share them with his Halloween Town citizens. But the atmosphere is not conducive to Jack's newfound sensibility.
Mentionné dans: The Making of Tim Burton's 'The Nightmare Before Christmas' (clips) , The Beverly Hillbillies/Ruby in Paradise/The Nightmare Before Christmas/Fearless/Mr. Wonderful (Reviewed.) , The 51st Annual Golden Globe Awards (Clips)
Suivi par: L'Étrange Noël de monsieur Jack: La Revanche d'Oogie , The Nightmare Before Christmas: The Pumpkin King
