Une farce politique aux allures de tragédie familiale
Avec Fils de, Carlos Abascal Peiró signe une comédie grinçante qui plonge dans les coulisses du pouvoir à travers la relation trouble entre un père et son fils. Jean Chevalier incarne un jeune aspirant conseiller, avide d’influence, qui tente d’utiliser l’aura passée de son père (François Cluzet), ex-homme politique usé par un lourd secret de jeunesse.
Derrière la satire, c’est la mécanique universelle des intrigues de pouvoir qui se dessine : autrefois les empoisonnements et les complots de cour ; aujourd’hui, les comptes cachés, les dossiers compromettants et les manipulations électorales.
Entre satire et drame intime
Le film s’ouvre sur une scène surprenante : un braquage raté dans la jeunesse du père, souvenir qui ressurgit pour hanter sa carrière. Ce ton à la fois burlesque et inquiétant donne la couleur du récit : Fils de jongle entre farce et drame, cocasserie et gravité.
À travers ce mélange de registres, Abascal Peiró propose une lecture critique des coulisses de la démocratie, où la nomination d’un Premier ministre semble moins le résultat d’un choix souverain que d’un enchevêtrement de manipulations, de réseaux et de compromissions.
Un duo père-fils sous tension
Le cœur du film repose sur la relation entre Cluzet et Chevalier. Le premier incarne un patriarche désabusé, conscient d’être manipulé mais acceptant le jeu, convaincu qu’il transmet ainsi un flambeau politique à son fils. Le second campe un jeune stratège aux dents longues, partagé entre ambition personnelle et loyauté filiale.
Cette relation, oscillant entre cynisme et tendresse, fait de Fils de bien plus qu’une simple satire : une fable sur l’héritage, le poids des fautes passées et la fragilité de la transmission.
Des seconds rôles savoureux
Karin Viard brille dans le rôle d’une femme de pouvoir froide et calculatrice, moteur invisible mais essentiel de l’intrigue. Autour d’elle gravitent des personnages hauts en couleur – députés opportunistes, conseillers véreux, électeurs naïfs – qui donnent au film son ton de comédie chorale, rappelant par moments Baron Noir ou House of Cards, mais sur un mode plus ironique.
Une mise en scène vive et piquante
Carlos Abascal Peiró opte pour une réalisation nerveuse, multipliant les scènes de confrontation et les dialogues rapides. La mise en scène joue des contrastes : bureaux feutrés du pouvoir contre lieux interlopes, silences lourds contre éclats de rire absurdes. L’ensemble garde une fluidité qui rend le propos accessible, sans sacrifier l’acidité de la satire.
Verdict
Note : 7,5/10
Fils de est une comédie politique efficace et piquante, qui réussit à divertir tout en interrogeant le fonctionnement réel de nos démocraties. Si la mise en scène manque parfois de souffle et d’ampleur, la justesse du duo Chevalier/Cluzet et l’intelligence du propos en font une réussite singulière dans le paysage des comédies françaises.
Pourquoi voir Fils de ?
- Pour son regard ironique sur les coulisses du pouvoir.
- Pour François Cluzet en patriarche désabusé.
- Pour un mélange habile de satire et de drame intime.
- Parce que derrière les rires, il y a une vraie réflexion sur la démocratie et la transmission.
