La petite cuisine de Medhi

la petite cuisine de medhi
Medhi (Younès Boucif)

Mehdi, jeune cuisinier d’origine algérienne installé à Lyon, partage sa vie avec Léa, Française, amoureuse et désireuse de s’engager.
Lorsque vient le moment de rencontrer la famille, Mehdi choisit l’évitement : non par honte, mais par protection. Craignant le choc culturel et les conflits, il invente une mère fictive pour rassurer Léa.

Mais les mensonges, comme les plats trop épicés, finissent toujours par remonter à la surface.

La petite cuisine de Mehdi raconte alors une comédie des identités, où les rôles se brouillent, les cultures s’entrechoquent, et où la vérité s’impose comme ingrédient indispensable.

Une comédie sur le mensonge… et sur l’amour

Le film repose sur un ressort classique — le mensonge initial — mais le détourne avec finesse.
Ici, le mensonge n’est ni cynique ni manipulateur : il est défensif, presque tendre. Mehdi ne cache pas sa mère par honte, mais pour la protéger — et se protéger lui-même. Cette nuance est essentielle. Elle donne au film une profondeur morale rare dans la comédie contemporaine. On rit, mais sans jamais mépriser les personnages.

Famille, culture, normes : le choc feutré

À travers une succession de scènes burlesques et familiales, le film aborde :

  • les couples mixtes
  • les attentes sociales et religieuses
  • la place des femmes dans la famille
  • la peur de décevoir
  • la transmission intergénérationnelle

Sans caricature, Amine Adjina montre comment chacun agit “comme il peut”, coincé entre amour, fidélité aux origines et désir d’émancipation.

La cuisine comme mémoire

L’un des grands atouts du film réside dans son rapport à la cuisine.
Celle-ci n’est jamais décorative : elle est identitaire.

Cuisine : ce qu’elle symbolise

  • Bistrot français : L’intégration, la réussite sociale
  • Cuisine algérienne : L’enfance, la mère, la mémoire
  • Épices : Le retour à soi, la réconciliation

Mehdi, cuisinier “français” de formation, redécouvre peu à peu les saveurs de sa mère.
Et avec elles, une part de lui-même qu’il avait mise de côté. La cuisine devient alors un acte de réconciliation : entre passé et présent, entre héritage et invention.

Le casting fonctionne à merveille, porté par :

  • Younès Boucif, tout en retenue et humanité
  • Hiam Abbass, impressionnante de justesse maternelle
  • Clara Bretheau, lumineuse et sincère
  • Gustave Kervern, dans un registre comique discret mais efficace

Le film oscille entre comédie burlesque, chronique familiale et récit d’exil, sans jamais forcer le trait.

Lyon, personnage à part entière

Le choix de Lyon n’est pas anodin. La ville devient un terrain de jeu affectif : le Parc de la Tête d’Or, les rues reconnaissables, les lieux du quotidien.

Cette inscription géographique renforce la dimension réaliste et chaleureuse du récit, et ancre l’histoire dans une France plurielle et vivante.

Ce que le film dit, en creux

La petite cuisine de Mehdi parle finalement de l’authenticité :

  • être fidèle à qui l’on est
  • ne pas renier d’où l’on vient
  • accepter que l’amour passe par la vérité

On peut mentir par peur, mais on ne peut aimer durablement sans se montrer.

Chaleureux, sincère et profondément humain, La petite cuisine de Mehdi rappelle que l’identité n’est jamais figée. Elle se cuisine, se transmet, se transforme — à condition de rester vraie. Une comédie douce et savoureuse, où la vérité est le plus beau des plats.

  • Une comédie humaine chaleureuse et intelligente
  • Le rire comme voie d’accès à l’intime et à la vérité
  • La cuisine comme langage universel de l’amour et de l’exil
La note de Ciné Revue

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